30/04/75 Exode

Publié le par Pham Anh Dung

30/04/1975
Un quart de siècle d'histoire des boat people du Vietnam
compte rendu sur leurs tragédies et triomphes
  

L'origine de la cause de l'exode  

‘Vaut mieux périr en mer que vivre sous le régime communiste!’
un aveu populaire qu'ont souvent fait nombre de Vietnamiens après la chute du pays en 1975.  

 Selon la légende ancienne du Vietnam, les fondateurs du pays, la princesse Âu Co et l'empereur Lac Long Quân, eurent 100 enfants. Après avoir assigné à chacun d'eux leurs responsabilités respectives, les parents décidèrent de les diviser en deux groupes de 50 chacun, et s'en allèrent vivre dans des régions stratégiques pour gouverner le pays. La princesse Âu Co amena les 50 enfants vivre dans les régions montagneuses où elle se proclama déesse de la montagne. L'empereur Lac Long Quân, quant à lui, descendit vivre sous mer avec les 50 autres enfants et se proclama dieu de l'eau.(1) S'ensuivit le règne du roi vaillant Hùng Vuong qui alla changer complètement le paysage historique du Vietnam ancien. Aujourd'hui, 5 mille ans ayant passé, près d'un million Vietnamiens ont bravé grandes vagues et tempêtes de mer pour se rendre vers d'autres terres pacifiques. L'histoire du Vietnam s'est vu ainsi transformée à jamais.  
P
eu après la chute de Saigon le 30 avril 1975, les boat people vietnamiens ont voulu fuir le régime communiste impitoyable dont le but principal est d'éliminer tout principe fondamental de la liberté, toute croyance non marxiste, tout mode de vie non marxiste. Pour ce faire, ils n'ont pas hésité à prendre des moyens périlleux pour fuir vers les pays où règne la liberté; que ce soit par bateau, vaisseau, ou en radeau. Sur les 2 millions de boat people qui ont fui, seulement près de 800 000 chanceux ont été rescapés en mer par divers navires étrangers, ou ont pu parvenir à se rendre, sain et sauf, aux pays avoisinants. Au chapitre des boat people moins lotis, beaucoup d'entre eux ont été appréhendés par les patrouilleurs de mer du gouvernement de Hanoi qui les a ensuite jugés et condamnés, et d'autres encore ont été instantanément fusillés lors de leurs tentatives d'évasion. Ceci sans parler d'un grand nombre de victimes non identifiées qui ont été dépouillées, violées, kidnappées, assassinées à même le golfe de Thaïlande ou la mer de Chine.  
Le phénomène des réfugiés n'est pas inconnu au Vietnam, un pays qui, des années durant, a été déchiré par de nombreux conflits idéologiques. Avant la chute de Saigon, il y avait près de 10 millions réfugiés de guerre qui n'ont jamais pensé à quitter le pays pour aller vivre ailleurs. On comprendra bien ici leur décision de rester, considérant que leur héritage culturel les a empêchés de quitter leur terre ancestrale où sont trouvés encore les autels et tombeaux de leurs ancêtres devant lesquels ils doivent toujours faire office d'adoration. Malheureux sont ceux qui, pour des raisons économiques ou politiques, doivent quitter leur patrie. À cet effet, on retrouve ci-après un court poème illustrant l'importance de rester là où l'on est né.    

 

 

‘On a tous pour origine notre famille et nos ancêtres,
Comme l'arbre a ses racines, et la rivière sa source.
En restant dans notre pays natal,
On peut ainsi compter sur notre famille, les voisins, nos parentés,
pour avoir de l'aide lorsque besoin est.’ 
   

 

À l'époque coloniale, le fait que les gens du Nord du Vietnam ont dû se rendre au Sud du pays ou au Cambodge pour gagner leur pain, est considéré comme une tragédie nationale. On a écrit d'ailleurs la phrase suivante pour décrire cette situation lamentable: ‘Il est plus facile de se rendre au Cambodge que d'en sortir, car les hommes sont devenus pour toujours des marins et les femmes, des esclaves du sale système capitaliste.’  
Avant 1975, le phénomène des réfugiés au Vietnam restait dans les limites territoriales du pays. C’est un fait réel grâce à l'accès libre aux ports situés quelque part dans le Sud non communiste du pays.  Les réfugiés s’y rendaient pour y rester quelques temps avant de pouvoir retourner à leurs régions respectives, une fois les forces gouvernementales réussissent à enrayer la menace communiste. La chute de Saigon, au Sud du Vietnam, en avril 1975, provoqua toutefois de changements radicaux affectant tous les aspects de la vie en société, y compris le phénomène des réfugiés. Ces derniers ne pouvaient plus accéder aux différents ports libres pour y trouver un refuge temporaire. Par conséquent, ils n’ont pas d’autres choix que de s’enfuir hors du pays. (2)  
Le gouvernement de Hanoi a adopté par la suite des mesures sévères pour faire disparaître toute trace du libéralisme dont ont jouis jusque-là les gens du Sud du Vietnam. Toute personne n'adhérant pas au régime communiste est dès lors perçue comme l'ennemi de l'État. Conséquemment, des millions de personnes sont devenus prisonniers dans leur propre pays, soit des intellectuels, des commerçants, des gens appartenant aux diverses minorités ethniques, et surtout des anciens militaires et leurs familles. De plus, des centaines de milliers de gens, que l'État a soupçonnés d'être ses ennemis, ont été incarcérés indéfiniment dans des camps de rééducation, sans aucune possibilité de comparaître. De surcroît, de nombreux biens privés des citoyens ont été confisqués sans justification aucune. La discrimination systématique d'ordre politique et ethnique est devenue alors pratique courante pour le nouveau gouvernement communiste, en vue d'éviter tout mouvement opposant. Une seule option apparaît alors aux gens qui choisissent la liberté à l'oppression du régime: fuir le pays pour aller vivre ailleurs en liberté, même au prix de leur vie!  
Devoir quitter sa ville natale est déjà un malheur, mais devoir quitter son pays est indéniablement une tragédie. Il y a certes plusieurs facteurs complexes d'ordre socio-économique et politique qui peuvent bien expliquer l'exode du peuple vietnamien, lequel est comparable à celui de la Bible au temps de Moïse. Reste que l'exode massif des boat people est principalement provoqué par l'acharnement de Hanoi à écraser tout principe de la liberté, à imposer un mode de vie procommuniste et à interdire toute croyance anti-communiste. Ceci dit, les boat people ayant décidé de fuir, et ce au prix de leur vie, ont exprimé non seulement leur rejet total de la politique oppressive en matière sociale de Hanoi, mais aussi leur indignation face à l'attitude extrémiste et haineuse avec laquelle Hanoi traite la population en général.    

 

La politique d'expulsion de Hanoi  

 

En dépit de leur évidente mise en pratique des mesures extrêmes pour faire effacer toute trace du libéralisme au Vietnam, les partisans communistes de Hanoi insistent à dire que, même privés de la liberté dont semblent jouir les Occidentaux, les Vietnamiens nagent tout de même dans la paix et la joie de vivre dans un pays unifié. Or, tout semble indiquer le contraire considérant que les seuls deux véritables triomphes de Hanoi jusqu'ici ont été: 1) d'avoir fait effondrer son propre économie; et 2) d'avoir instauré un système d'élimination de toute croyance non marxiste, de tout mode de vie non marxiste. C'est pourquoi le peuple vietnamien d'aujourd'hui est toujours incapable de vivre paisiblement parce qu'il est encore hanté par le passé cauchemardesque de la guerre et de l'après-guerre, tourmenté par un avenir incertain, et parce que le peuple a appris à avoir du mépris les uns pour les autres. Opprimé par le régime communiste en place, le peuple vietnamien vit dans la pauvreté, se doit de montrer soumis aux ambitions idéologiques de Hanoi, faute de quoi il périra. Quant aux droits d'expression, de manifestation, de pratique religieuse, etc., ceux-ci sont totalement bafoués. Les divergences d'opinion en matière politique, quant à elles, sont tout simplement intolérables dans le pays. Quiconque osant réclamer à haute voix la liberté et la démocratie se verra envoyer directement aux camps de rééducation.  
Durant l'année 1979, le diplomate australien, Bruce Grant, et son équipe de journalistes ont mené une enquête exhaustive sur la cause de l'exode des boat people. Ils ont conclu, à la fin de l'enquête, que: Ce qui a poussé les Vietnamiens à vouloir quitter leur patrie est bel et bien le régime oppressif du gouvernement de Hanoi. La plupart des boat people, venant du Sud du Vietnam, sont âgés de moins de 35 ans et sont composés d'un bon nombre de femmes, de jeunes, et d'enfants. Certains de ces jeunes ont dit avoir quitté le pays pour éviter les services militaires forcés. Les autres gens ont dit être victimes d'harcèlement et de persécution pour avoir exprimé leur opinion politique. D'autres encore ont dit avoir peur d'un tel traitement. Cette peur de ce qui leur arrivera peut prendre des dimensions inquiétantes, à savoir elles peuvent leur faire perdre la tête. Les boat people éprouvent souvent le sentiment d'être abandonnés par le nouveau régime communiste et la nostalgie pour l'ancien régime capitaliste. À cela s'ajoutent leurs inquiétudes, à savoir comment assurer leur survie et celle de leurs enfants sous un tel régime. De plus, ils sont effrayés d'être envoyés soudainement et sans justification aux camps de rééducation ou aux ‘nouvelles zones économiques’ où ils laboureront jusqu'à en mourir. C'est pour ces raisons susmentionnées qu'ils préfèrent quitter le pays. (3)  
Dans un rapport daté en mois de mars 1979, les représentants du Bureau d'immigration des États-Unis ont affirmé que la grande majorité des boat people qui arrivent sur le sol américain n'y sont pas venus par nostalgie du lien anciennement tissé avec les États-Unis, mais par pur désir d'échapper aux ravages qu'occasionnent continuellement les conflits armés, aux persécutions et mauvais traitements émanant de la politique sociale prônée par le gouvernement communiste. (4) 
 
Pour se défendre, Hanoi a rétorqué en traitant des boat people de réactionnaires incapables d'endurer les conjonctures économiques difficiles au pays, afin de minimiser l'aspect véritablement oppressif de ses idéologies politiques. Au lieu de reconnaître ses devoirs pour assurer le bien-être du peuple vietnamien et pour protéger leurs droits, Hanoi a voulu plutôt dénigrer les boat people pour défendre sa politique brutale. En guise d'exemple, Hanoi a écrit l'article suivant qui est paru dans le mensuel Vietnam Courier, un journal rédigé en anglais:  

 

‘La grande majorité des boat people ont quitté le Vietnam pour des raisons purement économiques, parce qu'ils sont incapables d'endurer la pauvreté et de trouver un emploi qui leur convient. Certains d'entre eux sont des anciens criminels de guerre ou membres faisant partie des réseaux contre-révolutionnaires, lesquels ont peur d'être dénoncés. Dans le cas des intellectuels, les motifs qui les poussent à quitter le pays varient sensiblement. Chose certaine, tous ont subi une baisse importante dans leur niveau de vie jadis aisé. Ils éprouvent alors de grandes difficultés d'adaptation aux nouvelles contraintes imposées par une société devenue communiste.’  

 

Hanoi est allé plus loin encore dans sa déclaration que l'exode fut en partie encouragé par ‘l'élan impérialiste et réactionnaire’ provoqué par Beijing et par Washington.(5) Hanoi a même une fois accusé Beijing d'avoir abandonné 100000 réfugiés dans les eaux de Vietnam, lesquels ont par la suite demandé asile aux autorités vietnamiennes. Selon le ministre des Affaires étrangères, Nguyên Co Thach, bon nombre de boat people, qui se retrouvent dans les pays du Sud-est Asiatique, proviennent de la Chine; on les estime ici à plus de 100000. À cet égard, les gens ne savent pas qu'il y a un grand nombre de Chinois qui sont des immigrants illégaux et non des résidents au Vietnam. Pour freiner cette vague des émigrés chinois illégaux, quelques-uns des navires les transportant vers le Sud-est de l'Asie ont été détournés par les patrouilleurs de mer du Vietnam.  
D
ans une lettre adressée aux ‘Amis de l'Occident,’ les officiers du gouvernement de Hanoi ont dressé un portrait peu flatteur des boat people qui ont fui le régime communiste. Bien que ces officiers ait admis qu'il y ait eu occasionnellement utilisation de forces excessives et brutales, erreurs de jugement et de persécution, reste que celles-ci ont été nécessaires pour maîtriser les opposants violents au régime en place. Or, ce que les officiers de Hanoi ont affirmé publiquement diffère totalement de ce qu'ils ont discuté entre eux derrière porte close. Par exemple, selon les dires d'un diplomate vietnamien, les gens du Sud du Vietnam sont longtemps habitués à vivre avec une certaine liberté en matière politique et avec une autonomie économique viable. Le nouveau gouvernement communiste ne peut donc rien changer aux habitudes de ces gens ni à leurs mentalités. C'est pourquoi il préfère que ces gens quittent le pays pour qu'il y ait une stabilité politique dans le Sud du Vietnam.(6) Toutefois, le diplomate en question a volontairement omis de mentionner ce qui constitue véritablement l'intention du parti communiste. Son intention est en fait d'expulser de 2 à 3 millions de Vietnamiens jugés politiquement indésirables, afin que son régime communiste puisse pleinement remplir ses objectifs idéologiques. D'ailleurs, lors de la première conférence sur les réfugiés indochinois, tenue au mois de juillet 1979, le sous-ministre des Affaires étrangères de Hanoi, monsieur Phan Hiên, a fait savoir à la délégation suédoise que 3 millions et quelques personnes se doivent de ‘sortir’ du régime communiste. Un mois après, le ministre des Affaires étrangères, monsieur Nguyên Co Thach, a dit à la presse internationale que le nombre de gens qui devraient fuir le pays serait également de l'ordre de 3 millions, si la situation politique du pays se maintiendrait telle quelle.(7) Peu après, durant une réunion avec monsieur Daniel K. Akaka, un représentant d'une délégation dirigée par le député du Congrès américain, monsieur Benjamin Rosenthal, en visite de deux jours à Hanoi, Nguyên Co Thach révéla qu’environ deux millions Vietnamiens devraient suivre le flot des réfugiés de la mer.  
En fait, environ de 1,6 à 2 millions personnes se sont efforcées d’échapper à l’oppression communiste, environ 800000 boat people ont pu arriver sain et sauf aux différents ports libres, de 80000 à 200000 ont perdu leur vie sur le chemin de la liberté, et plus d’un million de personnes sont parties officiellement soit grâce au programme ODP(8) soit parrainées par leurs familles vivant à l’étranger, ainsi l’objectif de la politique d’expulsion de 2 à 3 millions de vietnamiens de différentes catégories de Hanoi serait atteint.  
Le ministre philippin des Affaires étrangères, Carlos Romulo, a comparé la politique d’expulsion d’une part de la population du Parti communiste vietnamien ressemblerait à la politique d’isolation et d’incinération des juifs de l’Allemagne Nazi. Le ministre des Affaires étrangères singapourien, Sinnathamby Rajaratnam, déclara que le plan de Hanoi est comparable à la procédure d’un pauvre qui voulait utiliser la mer au lieu des chambres à gaz.  
Si le départ des boat people est motivé seulement par des ‘raisons économiques’ comme le prétendait Hanoi, n’importe qui pourra conclure avec justesse que, une fois bien réinstallés, les réfugiés ne pensent qu’à bien gagner leur vie et oublient rapidement les développements politiques en cours au Vietnam. Cependant, la réalité est tout le contraire de ce qu’a prédit Hanoi, car les boat people (i) continuent à exprimer à la communauté internationale leurs soucis concernant les violations des droits de l’homme au Vietnam, et (ii) défendent fidèlement le drapeau jaune, symbole de leur aspiration de la liberté, qui est toujours présent dans tous leurs rassemblements à travers le monde.(9) 
À l’extérieur du Vietnam Communiste, il n’y a pas de place facile pour les délégations de Hanoi pour négocier les affaires officielles parce que les boat people ont organisé continuellement des démonstrations pour dénoncer la politique oppressive de Hanoi. Par exemple, quand soixante cinq pays incluant le Vietnam Communiste convergeaient vers Genève en Juillet 1979 sous l’auspice des Nations Unis pour trouver une solution à la tragédie des boat people, les réfugiés bien réinstallés étaient capables de tenir une démonstration influençant à cette conférence causant bien d’embarras publiques pour la délégation de Hanoi conduite par le vice ministre des Affaires étrangères Phan Hien . Une bannière tenue par deux réfugiés Vietnamiens se lit ‘TOUT LE PEUPLE VIETNAMIEN CONTRE LA CLIQUE DE HANOI.’ Hanoi se sentait si offensé par le message que sa délégation demanda que la bannière soit enlevée avant qu’elle n’assiste à la conférence. Une objection similaire par Hanoi a été faite au gouvernement canadien quand la communauté vietnamienne érigea la statue ‘Mère et Enfant Réfugiés’ le 22 Août, 1996 ‘en mémoire de ceux qui ont perdu leur vie dans leur quête de la liberté.’ Ottawa répliqua froidement à l’objection de Hanoi se basant sur le fait que le Canada est une démocratie et  il assure la liberté d’expression de tous ses citoyens. 
Sur le globe terrestre partout où s’est érigé ‘le drapeau jaune de la liberté’ par les réfugiés de la mer (10), les activités pro Hanoi seraient censurées ou éliminées. Dans un exemple très clair, les réfugiés ont réussi à attirer l’attention du monde entier sur la détermination démoniaque de Hanoi à exécuter les distingués moines bouddhistes Tue Sy et Tri Sieu pour avoir renié le marxisme. Le régime communiste avait cédé aux protestations internationales et réduit la sentence de mort des dirigeants bouddhistes à la prison à vie, et éventuellement les relâcha en 1998. 
Dans un autre cas, en mi-janvier 1999, un homme d’affaire et fanatique religieux du nom de Tran van Truong était rapporté d’avoir reçu US$500000 d’une source séditieuse (11) pour suspendre un drapeau communiste rouge et un poster de Ho Chi Minh dans sa boutique de vidéo à louer, HiTek, au Comté d’Orange, California. Aux protestations de la communauté vietnamienne, Truong, qui se déclara lui-même Dieu, distribua une lettre par fax pour défier publiquement la capacité des défenseurs pro liberté à faire pression sur lui pour faire enlever ces symboles insultants. La manifestation pro Hanoi de Truong a attiré plus de démonstrateurs chaque jour à protester contre son exposition insultante. Durant l’impasse, le nombre de protestataires s’éleva parfois jusqu’à cinquante mille réfugiés dont plusieurs sont des étudiants et des jeunes. On était surpris de voir un sur quatre réfugiés du Comté d’Orange prendre congé de son travail et des obligations familiales pour participer à la démonstration massive contre la position procommuniste de Truong; ceux qui ne pouvaient pas assister à ces longues protestations téléphonaient aux différentes stations de radio vietnamiennes pour exprimer leur dégoût à la mauvaise conduite de Truong. 
Le 26 Janvier 1999, le ministère des Affaires étrangères de Hanoi critiquait publiquement l’opposition des réfugiés à la conduite procommuniste de Truong. Hanoi se montre soudainement concerné pour les droits fondamentaux de l’homme en condamnant l’action des réfugiés comme ‘une violation flagrante des droits de l’homme’ (12). Deux jours avant, l’ambassade du Vietnam à Washington a distribué un communiqué de presse demandant que l’expression de la croyance et le mode de vie de Tran van Truong doit être protégés par la loi américaine. Mais ce communiqué laissait délibérément de côté le fait que le régime communiste actuel détient le pire record des violations des droits de l’homme, et Hanoi persécute sévèrement tout dissident qui ose lever haut le drapeau jaune de liberté et exercer son droit d’expression au Vietnam. En fait, en 1992, un jeune homme du nom Pham van Quang a tenu bien haut le drapeau jaune en plein centre de Saigon pour attirer l’attention internationale sur la politique oppressive de Hanoi; il a été arrêté immédiatement, battu sauvagement par la police et ensuite condamné à 15 ans de prison pour avoir exercé sa liberté d’expression. 
Parallèlement aux multiples démonstrations pour la liberté et la démocratie, les réfugiés sont aussi très actifs dans la retransmission des nouvelles précises au Vietnam sur la chute du communisme de l’Europe de l’Est. Les communistes comptent sur l’ignorance et l’idéal mythique pour continuer à exercer son rôle de dictature politique, mais la force des connaissances et le sens du pragmatisme du peuple conduiront inévitablement aux changements radicaux. Confiants de ce programme stratégique, les boat people a débuté l’opération du flot continu des nouvelles et informations transmis au Vietnam à travers le réseau postal et le fax, ainsi, de dizaines de milliers de messages sur le mouvement pour la liberté et la démocratie sont envoyés chaque année aux particuliers et différents organismes gouvernementaux de Hanoi. Le réseau Internet est aussi utilisé d’une façon intensive par le boat people pour justifier leur cause et défendre les droits fondamentaux de la population vietnamienne vivant encore sous le joug des communistes. La dénonciation active des réfugiés contre les violations des droits de l’homme de Hanoi et leur succès spectaculaire dans les démocraties, pays de refuge final, reflètent leur aspiration à la liberté qui était la cause principale de leur fuite sur mer.   

 

L'ORIGINE DE LA CAUSE DE L’EXODE  

 

Les boat people s’enfuyaient sur une mer dangereuse pour échapper aux brutalités idéologiques, conséquences de la répression économique et de l’oppression politique du Parti communiste vietnamien.  ‘La principale cause de l’exode des boat people à la grandeur biblique était l’effort implacable de Hanoi à éliminer les libertés fondamentales, manières de vie et croyances non communistes.’ (13) Le départ en masse des réfugiés de la mer, dû à la persécution idéologique et l’insécurité infligées par Hanoi, représente non seulement leur rejet des politiques communistes oppressives mais aussi des attitudes et haines ultra extrémistes avec lesquelles le Parti communiste traite la population vietnamienne. 
La Déclaration des Droits de l’Homme de 1948 proclama que chacun a le droit de rester et de jouir de la vie dans d’autres pays d’asile, protégé de la persécution. [Article 14(1)] Ainsi, elle confirme le juste droit de demander une protection. La Convention des États Unis de 1951 et le Protocole relié au Statut de Réfugié de 1967 promulguaient éventuellement une définition universelle d’ un réfugié comme n’importe qui: (14) ‘...à cause d’une peur bien fondée d’être persécuté pour des raisons de race, religion, nationalité, membre d’un groupe social particulier ou d’opinion politique, est en un lieu autre que son pays de sa nationalité, et est incapable ou, à cause de cette peur, est réticent à faire appel à la protection de ce pays, ou qui, n’ayant pas une nationalité et être en un lieu autre que son ancienne résidence habituelle est incapable ou, en raison de cette peur, est réticent à y retourner...’ 
La définition établit quatre éléments de base qui doivent être considérés dans la détermination du statut de réfugié pour un demandeur (1) il ou elle doit être en un lieu autre que son pays d’origine et (2) incapable ou réticent  à faire appel a la protection de ce pays ou d’y retourner, et (3) telle incapacité ou réticence est  attribuable à une peur bien fondée de la persécution et (4) la persécution en question est reliée à sa race, religion, nationalité, opinion politique ou appartenance à un groupe social particulier. 
Beaucoup de réfugiés de la mer répondent ‘Doi sông khô quá’ (La vie est extrêmement difficile) quand on leur pose la question pourquoi ils ont quitté le Vietnam communiste. L’instigateur pourrait prendre d’une façon erronée cette réponse comme refléter une condition économique, mais, en réalité, elle renferme beaucoup de facteurs sous-jacents complexes, échelonnés de la répression religieuse à l’isolation et harassement sociaux, à l’oppression économique, à la persécution politique, conséquences de la politique idéologique de Hanoi. ‘La vie est extrêmement difficile’ parce que le Parti communiste du Vietnam pratique activement une politique discriminatoire et cherche des moyens pour circonscrire et détruire tous les éléments antisocialistes de la société qu’il considère comme indésirables ou imprégnés des croyances libérales sur la base de ‘religion (Bouddhistes, Catholiques, Caodaïstes, etc.), race (Chinois vietnamien, Hmong, etc.), nationalité, opinion politique (dissidents politiques, activistes pro démocratie, membres de familles des soldats et officiers du Sud Vietnam, etc.), ou membres d’un groupe social particulier (intellectuels, gens d’affaire et entrepreneurs, etc).’ En fait, la nature politique de l’exode des boat people était confirmée par Nguyen Co Thach, ministre des Affaires Étrangères de Hanoi dans un interview avec United Press International en Août 1979, il révéla que plus ou moins de 3 millions de gens devraient fuir le Vietnam communiste ‘à cause de la situation politique’ (15). 
La cause de l’exode des boat people est reflétée dans il n`y a pas de domaine plus clair que celui de la vie intellectuelle des Vietnamiens expatriés. Avant le départ massif des réfugiés de la mer, la littérature vietnamienne d’outremer a tendance à se concentrer sur la nostalgie et la culpabilité de la vie en exile. Le passé était très important pour eux pendant que la vie en exile était associée avec des sentiments de culpabilité envers ceux qui étaient laissés derrière dans le Vietnam communiste. 
Avec l'arrivée des boat people dans les pays de refuge final, toute la fondation de la littérature vietnamienne d’outremer s’est changée doucement et sans équivoque. Les actualités présentes et les perspectives futures commençaient à devenir la direction centrale pour la plupart des ouvrages littéraires. Les faits réels de la politique destructive communiste étaient décrits en détail avec des expériences vivantes. La littérature des réfugiés commença à présenter une vue optimiste d’un avenir plein d’équité et de prospérité dans une société équitable et libre de concert avec une bonne appréciation des opportunités offertes par les sociétés de refuge final. La ‘littérature de tristesse’ précédente était remplacée par la ‘littérature de proteste’ des boat people avec une mission claire de dénoncer les réalités brutales dans le Vietnam communiste et exprimer la reconnaissance envers les pays d’accueil qui avaient offert un paradis sain et sauf pour les réfugiés vietnamiens. 
Les boat people risquaient leurs vies pour fuir la persécution idéologique et, en dépit de leur tragique expérience sur la mer et ses longs effets néfastes, ils trouvent encore la force et la détermination à se faire entendre leurs préoccupations au sujet de sérieuses violations des droits de l’Homme de Hanoi. En fait, c’était la persistance des réfugiés vietnamiens à condamner la politique oppressive du PCV qui a aidé à faire changer l’esprit de beaucoup d’anciens activistes anti-guerre. Par exemple, en Mai 1979, Joan Baez et 83 autres activistes de la paix publiaient une ‘Lettre ouverte à la République Socialiste du Vietnam’ pour critiquer ‘le cauchemar douloureux’ de Hanoi: ‘De milliers de Vietnamiens innocents, dont la plupart des crimes sont seulement ceux de conscience, sont arrêtés, détenus et torturés en prisons et dans les camps de rééducation. Votre gouvernement a créé un cauchemar douloureux qui planait de son ombre sur les progrès significatifs réalisés dans plusieurs domaines de la société vietnamienne.’ 
L’histoire de l’humanité enregistre indiscutablement en plus plusieurs autres empreintes incroyables des réfugiés de la mer,  qui risquaient leurs vies pour fuir la persécution communiste et chercher la liberté et la démocratie. Plusieurs victimes malchanceuses ont été dérobées, violées, kidnappées, assassinées et mortes sans laisser de traces; d’autres ont plus de chance d’atteindre sain et sauf les pays de refuge final. La tragédie de l’exode des réfugiés de la mer pourrait prendre fin seulement quand triomphent la liberté et la démocratie.    

 

NOTES 
1. Pham Van Son, Viet Su Tan Bien: Thuong co va Trung co ( Histoire du Viet Nam: Ancient Temps et  les Moyens  Ages). Vol.1, Saigon 1954, pp. 85-88 
2. Cambodge et Laos sont aussi sous le contrôle communiste. 
3. Bruce Grant, The Boat People: An Age Investigation, Penguin Books, Middesex, 1979, p.99 
4. ‘World Refugee Assessment 1979,’ Office of the U.S.Coordinator for Refugee Affairs, 14/3/79
5
. Il est intéressant de noter que l’ancien URSS adopta rapidement la déclaration diffamatoire de Hanoi sur les réfugiés vietnamiens, et Radio Moscou répétait à plusieurs reprises la description des boat people comme ‘des criminels et des dégénérés subversifs.’ 
6. Document 2.22 titré ‘Vietnam’s Refugee Machine’ Ministère des Affaires étrangères, Washington, D.C (Juillet,20, 1979). Le PCV a aussi planifié la réinstallation de 10 millions de Nord Vietnamiens au Sud Vietnam (25 millions d’habitants) dans l’espoir de diluer les aspirations politiques des Sud Vietnamiens. Durant l’année 1976, 1.4 million de Sud Vietnamiens vivant dans les grandes villes sont localisés dans les ‘nouvelles zones économiques.’ 
7. Rapport de UPI. Cité dans ‘The Refused: The Agony of the Indochina Refugees’ de Barry Wain, Simon et Schuster, New York , 1981, p.231. 
8. Orderly Departure Program. (Programme de Départ dans l’Ordre) 
9. Un sondage de l’Institut des Etudes Asiatiques en 1988 démontre que les ‘Motivations pour la Migration du pays d’origine’ des réfugiés vietnamiens incluent 55% dûe à la ‘Situation politique’ , 2% ‘Peur d’être tué’, 6% ‘ Famine’, 20% ‘Implantation à l’Ouest, et 17% ‘Autre’. Cité dans ‘From , , and : A Refugee Experience in the de Jeremy Hein, Twayne Publishers, New York , 1995, p.37. 
10. En Novembre 1998, 23 ans après la chute de Saigon, les communautés vietnamiennes d’outremer autour du monde ont tenu des meetings grandioses pour commémorer le 50è anniversaire de la création de leur drapeau jaune de liberté. 
11. Révélé par M. Hoang Ngoc Son, un partenaire d’affaire de Truong, dans son communiqué de presse de 22 pages, distribué aux différents journaux incluant le Los Angeles Times et le Département de Police de la Cité de Westminster. 
12. ‘La réaction extrémiste envers Tran Van Truong est une violation flagrante des droits de l’homme...Les violations des droits de l’homme des Vietnamiens d’outremer n’affectent en rien les relations entre les Etats Unis et le Vietnam. Cette conduite doit être persécutée et dénoncée par les deux pays et la communauté internationale.’ Journal du Peuple, Janvier 27,1999. 
13. On doit prendre note que la politique de Hanoi était aussi responsable d’une part de l’exode des réfugiés du Cambodge et du Laos. Un grand nombre de réfugiés cambodgiens et laotiens s’enfuiraient vers la Thaïlande à la recherche de la paix et liberté suite à l’occupation de Hanoi tard dans les années 1970. 
14. UNHCR, Collection des Moyens internationaux Concernant les Réfugiés (1979) pp.10 et 40. Article 1A(2) de la Convention concernant le Statut de Réfugiés de 1951, comme amendée par l’Article !(2) du Protocole concernant le Statut de Réfugiés de 1967. 
15. Rapport de UPI, Supra.

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